Date de la tempête: juillet 2023
Écriture de l’article: septembre 2023
Voici un article que j’aurais préféré ne pas écrire, ou du moins pas dans ces circonstances. Car si je me permets de témoigner du comportement à avoir en cas de tempête violente, c’est parce que nous venons d’en faire la triste expérience avec Benny.
Partage de nos expériences et conseils suite à cette drôle de nuit, quelque part dans le nord de l’Italie!
Récit de cette fameuse nuit
C’est en plein été, dans un camping du lac de garde que nous avons vécu la peur de notre vie. Le camping était calme, une tempête principalement de pluie était annoncée pour le lendemain, raison pour laquelle nous avions tout rangé les extérieurs et nous étions prêts à démarrer en cas de besoin. Effectivement, le camping nous avait averti que nous étions dans une zone inondable en raison de travaux menés sur la route en dessus du camping et que si l’eau commençait à monter nous devrions partir vite nous mettre sur une autre place. Nous avons donc prévu de quitter de toutes façons le camping pour 24 heures afin de visiter Vérone et d’y dormir sur une aire sécurisée.
Malgré nos bonnes intentions, tout est allé plus vite que prévu et c’est déjà le soir à 23h30 que la tempête a débuté. Fulgurante. Elle ne nous a laissé, ainsi qu’aux autres campeurs, aucune chance. En l’espace de 2 minutes, M. Fenice et moi sommes passés de « confortablement installés au salon avec une petite liqueur achetée à la tour de Pise » à « recroquevillés sur nos enfants et toutou Fenice dans le lit pour les protéger ».
L’eau a laissé place à la grêle en quelques secondes. La grêle s’est transformée en véritables balles de tennis tombées du ciel. La presse racontera le lendemain, photos à l’appui, que les grêlons gros comme des pommes ont été pesés à passé 490 grammes. Nous avons donc juste eu le temps de tous s’entasser entre les deux lits superposés à l’arrière du véhicule, partie la plus solide du camping-car. Nous avons utilisé les duvets et coussins pour boucher la vitre et se protéger, nous avons tiré le rideau ainsi que la porte du placard devant nous pour se protéger d’éventuels impactes. Et là… L’attente. Qui dure certainement 2 minutes mais qui en paraît 20. Les hurlements des enfants sont comme mis en sourdine sous tant de bruit. Le camping-car est secoué, démoli par la force de ces boules de glace qui tombent du ciel. On se croit dans un tambour infernal. Pendant une brève accalmie on se risque à jeter un œil hors de notre cachette et on constate la désolation: le pare-brise est détruit, les lanterneaux n’ont pas survécus, la pluie les feuilles, la glace, les bris de verre sont partout dans le camping-car. Dans le salon, dans la salle de bain, dans la capucine. Seul endroit sans stigmates de ce cauchemar: le lit superposé qui n’avait par ailleurs pas de lanterneau.
Les premiers réflexes seront de nettoyer, éponger et sécuriser au mieux l’habitacle. Boucher les lanterneaux provisoirement avec des parapluies posés par dessus et fixés avec des élastiques. Aider les voisins et s’assurer que tout le monde va bien. Tout le monde cherche à atteindre son assurance car il est clair que pour la plupart, les véhicules ne rouleront plus avant de grosses réparations.
Puis sans prévenir, quelques petites heures après, une deuxième tempête. Cette fois les éclaires, la foudre, l’eau qui monte dangereusement, le vent puissant qui fait ployer les arbres et voler les branches. Chance inestimable, nous nous sortons indemnes de cette deuxième salve et nous trouverons refuge dans le restaurant du camping après avoir traversé de véritables petites rivières dans le camping. Ce sera bien à l’abri avec des dizaines d’autres personnes autant choquées que nous que nous assisterons bien impuissants à un 3ème passage d’orage. Des ambulances quitteront le camping cette nuit là, des décès seront annoncés dans la région le matin suivant.
Dès le lendemain, comme tous nos voisins, nous commençons de panser les plaies de nos véhicules à l’aide de bâches, de sacs plastiques et de scotch. De quoi tenir pour les futures pluies annoncées avant les réparations officielles. C’est à ce moment que nous avons pu prendre toute la mesure de ce qu’est la solidarité entre camping-caristes. Entourés de campeurs hollandais et malgré la barrière de la langue nous avons pu nous entre-aider les uns les autres. Tout était subitement à tout le monde, chacun vidant sa soute pour trouver de quoi aider le voisin. Dans l’adversité on ne pense plus qu’à soi et on constate très vite qu’on est plus forts et efficaces ensemble.
En attendant notre rapatriement le surlendemain, nous dormirons plutôt confortablement sur le sol du restaurant sur nos matelas de piscine gonflables.
Une aventure qui n’est pas encore tout-à-fait finie pour Benny qui est rentré plusieurs jours après nous avec d’autres véhicules sinistrés à bord d’un convoi de 18 dépanneuses en provenance du lac de Garde en direction de la Suisse. À ce jour il est encore en carrosserie où il attend que de nombreuses pièces enfoncées ou détruites soient changées, notamment tout le toit. Plusieurs mois de travaux sont annoncés et je dois bien avouer que la vie en camping-car nous manque.
À prévoir avant une tempête
Scruter la météo
Bien sûr, une tempête ne nous prévient pas forcément avant de s’abattre sur nous. Il est toutefois possible de limiter les dégâts en consultant la météo régulièrement et en écoutant les conseils des habitants de la région, qui connaissent mieux que nous les spécialités météorologiques régionales.
Repérer les zones de sécurité
Dans le camping-car, il y a forcément un endroit plus sécurisé que les autres. Un endroit où si le ciel vous tombe sur la tête, vous serez relativement à l’abri. Il peut s’agir du dessous de table, d’une pièce sans lanterneau comme des toilettes ou une douche, d’un dessous de lit… Dans notre cas, la seule zone sans lanterneau où nous pouvions nous réfugier à 5 avec le chien fût entre les deux lits superposés. D’ailleurs, je ne vous cache pas que je me sens à présent mal à l’aise en visitant un camping-car ayant des lanterneaux absolument partout.
Mais le camping-car peut ne pas suffire à vous protéger selon l’événement auquel vous aurez à faire face. Aussi, je suggère aux plus alarmistes de repérer en arrivant sur un lieu d camping où vous pourriez courir vous mettre à l’abri. Cela semble exagéré d’imaginer systématiquement le pire, mais pour l’avoir vécu, je peux témoigner qu’il n’est pas simple dans l’urgence d’expliquer aux enfants paniqués nos solutions de repli. C’est sous une pluie battante, avec de l’eau qui monte et entre les éclairs que nous avons couru pour nous mettre à l’abri. Avec une grande Fenice paniquée courant dans la direction opposée à notre objectif, un petit Fenice hurlant de toutes ses forces, un chien paniqué pleurant à la mort et moi-même glissant et perdant pieds à chaque pas. C’était une course de deux minutes. Mais ces deux minutes auraient été moins chaotiques si nous avions pu nous y préparer avant. Certaines personnes n’ont pas pu rejoindre le restaurant et se sont abritées dans les toilettes ou les douches publiques. Finalement, peu importe le lieu mais savoir où aller permet d’agir plus efficacement le moment venu.
Sac d’urgence
Bien sûr on ne prévoit pas un sac d’urgence à chaque voyage dans l’hypothétique idée qu’une tempête nous tomberait sur la tête. Toutefois une simple liste avec quoi prendre pour s’enfuir urgemment peut à nouveau sauver la situation. Par exemple (téléphone, chargeur, porte-monnaie avec cartes d’identité, un vêtement chaud de secours, quelque chose à grignoter et une bouteille à boire, trousse de secours…). Et je dirais même avoir déjà un sac vide prêt à l’emploi est un bonus. Car commencer de transvaser et vider alors que le déluge est sur nous n’est pas des plus confortables, vous vous en doutez.
Si la fuite est impossible
Dans notre cas, s’agissant de grêle extrêmement violente, la fuite n’était pas envisageable dans un premier temps. Ici, rien à faire d’autre que de s’abriter avec les mêmes consignes que lors de tempêtes autour de notre maison, à savoir: s’éloigner des fenêtres, se couvrir pour se protéger (et là tout est bon à prendre, nous nous sommes calfeutré avec portes de placards, duvets et coussins). Bouchez les zones d’entrées comme les fenêtres que nous avons masqués avec duvets, valises. En bref, tout ce qui peut faire barrage au vent, aux branches et autres objets volants ou dans notre cas aux grêlons, est bon à prendre. Bâtissez-vous un fort. Mais une fois de plus, si vous avez déjà réfléchi ne serait-ce qu’une fois à ce que vous feriez dans un cas de figure pareil peut vous aider à réagir efficacement et à temps.
Assurances
Être au clair avec sa couverture d’assurance et avoir les papiers et numéros sur soi est indispensable. Suivant où vous vous trouverez et selon la tempête que vous devrez affronter, imaginez que le réseau internet ne sera peut-être pas assuré. Avoir les informations, numéros d’urgences et contacts pour le rapatriement sera alors une aide précieuse le cas échéant.
Se fier à son bon sens
Et pour finir, pourquoi ne pas tout dédramatiser et se dire que la malchance ne nous guette pas forcément à chaque coin de rue? La vie c’est maintenant. Le fun c’est tout de suite. Les souvenirs c’est en ce moment que nous les construisons. Alors on ne pense pas qu’au négatif, on fait confiance en notre capacité à réagir en cas d’événement dramatique et surtout on se fie à notre bon sens, on écoute notre instinct et on trouve un équilibre entre témérité et sagesse.
Belle suite d’aventures à vous! Pour notre part nous attendons impatiemment le retour de notre gros Benny pour continuer sur notre lancée de la découverte des parcs d’attractions les plus beaux du continent!
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